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Suite du chapitre III



Étaient-ils plus mauvais que d’autres ?



Une Grâce de Dieu, qui concerne tous ces hommes que purent être ces rois mérovingiens, et déjà avant eu ces moines peu connus tel Saint-Martin artisan de l'apostolat rural en Gaule au IVe siècle. Ils créèrent un enracinement du christianisme des plus précieux pour notre pays encore aujourd'hui, car ce sont eux en la personne de Clovis, qui donnèrent la France à Dieu, comme cela avait été le cas de l'Arménie au troisième siècle. Si nous sommes aujourd'hui au profit de la bénédiction qu'ils apportèrent à la France, sachons ne pas nous en dissocier, et regardons sans condamner certaines erreurs dont nous héritâmes au travers d'une petite page d'histoire.

Ces rois Mérovingiens dont faisait parti Clovis étaient issus de la famille de Mérovée, petit chef franc plus ou moins légendaire. Ils tirèrent leur force de leur origine réputée divine et de leurs vertus guerrières. Le nom même de Clovis (c'est-à-dire Louis) signifie " célèbre au combat ".

Comme le Pharaon, Clovis était certes réputé par le peuple franc, de naissance divine, mais contrairement au premier qui fut témoins de temps de miracles, sans se convertir, lui se convertit au Dieu chrétien auquel il crut simplement sans miracles. N'est-ce pas beau ?

La monarchie Mérovingienne n'allait apporter que bien peu d'améliorations des rites païens de l’époque, car très largement partagée entre l’idolâtrie, le profit et la soif du pouvoir, mais elle allait permettre la mise en place d'une base de civilisation chrétienne, portées en particulier par tout un système monastique.

La lignée Mérovingienne vécu ses réelles limites au travers de la victoire de Pépin II, dit Pépin de Herstal, maire du palais 1 d'Austrasie, sur ses rivaux neustriens, à Tertry, près de Saint-Quentin, en 687. Reconnaissant, en théorie, l'autorité du roi neustrien Thierry, III, qu'il avait mis en fuite, et sans s'encombrer en Austrasie d'un roi particulier, Pépin II rétablit l'unité du royaume franc à son profit et en sa personne. De l'Austrasie, qu'il ne quitta point, il laissa vivre en Neustrie, dans les vallées de la Seine et de l'Oise, séjour normal des souverains francs depuis Clovis, des rois fantômes qu'il installa à son gré sur le trône, laissant lentement se dissiper le prestige de la race royale.

Ce n'est pas sans raison que la papauté, menacée par Byzance ou par les Lombards, fit appel en 739 (seulement soixante ans plus tard) au maire du palais Charles Martel, qui venait de remporter sur les Arabes la célèbre victoire de Poitiers en 732 plutôt qu'au roi de France. Si l'appel demeura sans effet à cette date, il fut entendu en 754, puisque le roi s'était lentement trouvé destitué de son royaume. Il scella alors l'alliance des deux forces spirituelle et temporelle de l'Occident : La papauté et la future monarchie franque.


1) Maire du palais : Dignitaire de la cour mérovingienne utilisé quelque peu par le roi comme gouverneur ; il se substitua peu à peu au roi.

Le Partage de l’Empire Carolingien

Le royaume dont Charles Martel s'était assuré le gouvernement fut donc et resta jusqu'à sa mort un ensemble faible et même fort fragile, dont seules la présence et l'action personnelles du chef, partout et à chaque moment, réussirent à sauvegarder la cohésion. C'est ce que découvrirent les deux fils de Charles Martel, Carloman et Pépin (futur Pépin le Bref), entre lesquels le maire du palais, tel un roi, avait partagé le royaume peu avant sa mort, survenue à Quierzy en 741.

Aussi jugèrent-ils prudent de remettre quelque peu en lumière le représentant légitime de la maison mérovingienne, Childéric III. Ce simulacre de royauté était les germes de son abolition, puisque le roi Childéric lui-même proclamait dans ses actes et écrits qu'il devait à Carloman maire du palais sa dignité : " Childéric, roi des Francs, à l'éminent Carloman, maire du palais, qui nous a établi sur le trône... "

En l'année 751, le moment fut enfin des plus favorables pour renoncer à la fiction mérovingienne. Fort de l'appui du pape, de qui Carloman et Pépin le Bref s'étaient rapprochés à l'occasion de la restauration de l'Eglise franque entreprise par saint Boniface, Pépin le bref convoqua l'assemblée des grands du royaume à Soissons, en novembre 751. Il s'y fit élire roi des Francs, et, cérémonie jusqu'alors inconnue en Gaule, s'y fit sacrer avec de l'huile sainte par les évêques présents, conduits par saint Boniface.

L'Eglise consacra donc le coup d'Etat et, l'évangélisation progressant plus rapidement que jamais, assura le succès de celui-ci. Néanmoins, une confirmation solennelle de l'option décisive prise par les évêques réunis à Soissons ne parut point superflue. L'occasion se présenta lorsqu'en 754 le pape, pressé par l'avance des Lombards vers Rome, vint trouver lui-même en France, à Ponthion, le nouveau roi pour implorer l'intervention de celui-ci en Italie. Après avoir obtenu de Pépin le bref la promesse écrite de lui donner l'exarchat de Ravenne et de lui assurer la paisible possession du duché de Rome, le pape Etienne II procéda personnellement, en l'église abbatiale de Saint-Denis, au renouvellement du sacre de Pépin, puis au sacre de ses fils Charles, le futur Charlemagne, et Carloman son cadet. Un moine de Saint-Denis, peut-être témoin de l'événement, ajouta que " le même jour le Souverain Pontife bénit la reine Bertrade, femme de Pépin, et fit défense à tous, sous peine d'interdit et d'excommunication, d'oser jamais choisir un roi issu d'un autre sang que celui de ces princes, que la divine piété avait daigné exalter et, par l'intercession des saints apôtres, confirmer et consacrer de la main du bienheureux pontife, leur vicaire ".

La royauté de droit divin était née. Celui qui, aux yeux des familles mérovingiennes, aurait pu apparaître comme un usurpateur, se montrait désormais, comme l'élu du Dieu des chrétiens, et ses descendants avec lui.

Au travers de ces rappels historiques, notre but ne doit pas être de jeter le discrédit sur telle ou telle dénomination chrétienne, mais au contraire de nous faire les avocats des principaux acteurs de ces temps fondateurs. Je dirai pour ma part, merci Seigneur de m'avoir évité cette période particulièrement difficile que fut cette partie de notre histoire. Il nous est en effet facile d'oublier qu'après la domination romaine nous étions redescendus bien bas, surtout dans le nord de notre beau pays où cette influence s'était moins fait ressentir, et où les celtes avaient d'avantage marqué leurs empreintes.

Ceux qui devaient prendre les décisions n'avaient pas le recul dont nous disposons. Tous ces hommes n'étaient que des humains, soumis plus ou moins comme chacun de nous à leurs idées préconçues. Le Saint-Esprit était certes là pour leur éviter les erreurs comme il l'est pour chacun de nous, mais il faut reconnaître que la dose de confiance, la dose de foi, peu énormément varier dans certaines prises de décisions selon notre entendement. Leur erreur était bien évidemment injuste devant Dieu, car le paganisme primitif attaché à une monarchie dans la seule condition qu'elle soit de nature divine, se trouvait ainsi remplacée par une royauté de droit divin par des érudits soutenant une forme d'idolâtrie faite au nom de l'Éternel Dieu.

N'oublions pas en effet que le souhait de L'Eternel eut été que les hommes le conservent comme Roi. Cette digression n'était probablement pas pire que celle de son peuple auquel il s'était d'avantage manifesté, d'autant qu'au travers de sa volonté permissive, Dieu avait indiqué le roi de son choix qu'il avait fait oindre pour cette fonction par le prophète Samuel, comme nous l'avons lu en 1 Samuel 8. Cela n'allait certes pas jusqu'à la dimension dans laquelle Dieu élevait cet être humain à un niveau égal au sien par une nature divine, mais ce choix de Dieu put apparaître à certains qui n'étaient pas allés jusqu'à approfondir la véritable raison de l'institution de la royauté sur Israël par Dieu, comme étant " l'institution volontairement choisie par Dieu pour le représenter sur son peuple ", donc tous les peuples.

Qu'y avait-il de meilleur à faire ? Rien ! L'onction divine, aurait d'ailleurs été des plus normales dans la dimension chrétienne, si elle n'avait pas fait d'eux aux yeux des hommes, des personnages à caractère  divin, et ne leur avait apporté que l'approbation de Dieu à se bien comporter dans leurs devoirs envers le peuple " lui-même de Dieu ". Ce n'est donc pas l'onction de Dieu sur la royauté qui est à contester, mais l'utilisation qui en fut faite par ces rois qui n'était que des hommes.

Dieu l'avait annoncé dès le départ, connaissant d'avance l'issue de ce procédé, sachant que même si les hommes le rejetaient alors, lui ne les rejetterai pas et ferai tout pour les éclairer. Nous nous en tiendrons donc à des hypothèses de mauvaise gestion du contexte, et viendrons en avocat de nos frères comme Jésus nous le demande, plutôt qu'en accusateurs, car nous pourrions sinon trouver beaucoup de mauvaises raisons.

Ces hommes et ces rois péchèrent indéniablement en élevant trop haut, une institution que Dieu n'aurait souhaiter établir qu'à échelle humaine d'hommes s'en remettant à Dieu, comme c'était le cas des Juges sur Israël. Mais à quel dilemme ces représentants de la foi chrétienne furent-ils confrontés ?

Ils n'eurent peut-être à leur sens que deux solutions ? Dans la première, ils répondaient aux exigences de la civilisation de l'époque qui ne se laissait conduire par des rois que sous conditions qu'ils soient de nature divine, comme ce fut initialement la position des mérovingiens, dans la seconde ils élevaient leur roi à la dimension divine. Dans la première, ils continuaient de se laisser gouverner par des rois aux mœurs incertaines et souvent barbares, dans la deuxième le compromis assurait la sauvegarde des valeurs chrétiennes. Cet accommodement allait certes s'avérer au fil des siècles, comme un élément de confusion collective dont il faudrait un jour lever le voile, entre le comportement des rois de France et l'image qu'ils donnèrent alors de Dieu. Ce que Dieu avait permit à son peuple auquel il s'était si puissamment manifesté, il allait donc le tolérer d'un peuple qui n'avait fait qu'entendre parlé de lui.

Ceci souligne une fois de plus la véritable nature de Dieu qui n'institut pas des règles et des lois pour pouvoir écraser les contrevenants, car dans le cas présent Dieu " s'effaça " encore une fois devant la " nécessité " des circonstances. Il n'est pas nécessairement bon en effet d'apporter des règles à celui qui ne peut pas les recevoir et les mettre en pratique. C'est ainsi que Dieu commença de se manifester à Abraham, avant d'en arriver plusieurs siècles plus tard à dispenser sa Loi à Moïse.

Dieu peut certes demander à certains beaucoup de rigueurs dans leur propre vie, mais envers ceux qui ne le connaissent pas parfaitement et qui viennent-à lui, il sait être patient en attendant la moisson.

Ceci voudrait-il dire qu'il souhaite que nous en restions là ? Certes non, car la Bible est fort claire à ce sujet ! Certains textes, telle la parabole du figuier stérile dans le nouveau testament, montrent bien qu'il y a en effet un temps pour toute chose, et qu'il n'y a pas en cela deux poids et deux mesures. Dieu est Dieu, le même hier aujourd'hui et éternellement (Luc 13-6/9) Il dit aussi cette parabole : Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint y chercher du fruit et n'en trouva pas.

Alors il dit au vigneron : Voilà trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier, et je n'en trouve pas. Coupe-le : pourquoi occupe-t-il la terre inutilement ?

Le vigneron répondit : Maître, laisse-le encore cette année ; d'ici-là j'y creuserai tout autour et j'y mettrai du fumier. Peut-être à l'avenir produira-t-il du fruit ; sinon, tu le couperas. //

Dieu agit de-même envers les peuples, et c'est pourquoi nous avons à travailler dans la tolérance de la compréhension humaine, en attendant le jour de sa bénédiction. Notre but était seulement de tirer un trait sur l'idée préconçue de l'institution volontaire de la royauté par Dieu, alors qu'elle n'était en fait qu'un pis-allé toléré par Dieu.

N'oublions donc pas dans ce contexte, que si certains peuples ont vécu des rois, des rois ont vécu des peuples. Nous nous apitoyons facilement sur le sort du peuple opprimé, en faisant parfois trop vite de ces rois des tyrans. Il ne nous appartient pas de condamner les hommes, même si certains de leurs actes peuvent avoir été " répréhensibles ". Combien je me rends compte aujourd'hui que je n'ai pas toujours manifesté moi-même, la forme de respect d'autrui qu'il fallut parfois à ces rois,  alors que je ne possédais pas le dixième de la grandeur qui leur était accordée. Ce respect n'existait peut-être chez certains de ces rois et seigneurs que par une nécessité de survie personnelle ? Sans peuple il n'y a en effet plus de rois ! Mais chez d'autres elle était à mon sens, de l'ordre d'une dimension donnée par l'Esprit de Dieu.

Cette dimension de l'Esprit de Dieu est certes accessible à chacun de ceux qui le recherchent, mais comme ce ne fut pas toujours mon cas, et pas non plus le cas de chacun, ceci mérite bien d'être souligné à l'avantage de ces rois.

Jésus a dit et nous y reviendrons, qu'il était plus difficile à un riche d'entrer dans le royaume des cieux, qu'à un chameau de passer par le trou de l'aiguille. Il ne s'agissait certes pas d'une aiguille à coudre, ce qui aurait fermé définitivement la porte du royaume des cieux aux riches, mais de la porte basse par laquelle on pouvait entrer de nuit dans la ville endormie. Celle-ci nécessitait à un homme de se baisser pour entrer, et ne permettait que très difficilement à un chameau de passer à genoux, ce qui évitait les invasions brutales. Sachons donc percevoir que la richesse peut devenir un handicap, et que pour ces rois riches et aux multiples pouvoirs, il leur était plus difficile qu'à moi, de classe sociale modeste de se bien comporter. Je ne le dis évidemment pas pour me condamner, ni les féliciter de leurs erreurs, mais afin que chacun s'examine lui-même avant de juger ces maudits rois et seigneurs.

Non ! Ces rois n'étaient que des hommes avec tous les défauts que nous pouvons tous avoir, alors regardons à l'un d'eux, Charlemagne, qui fut peut-être le plus grand.

Il lui aurait été d'autant plus facile de tomber dans l'orgueil, qu'il avait été sacré roi dès sa plus tendre enfance à une époque où cela n'existait pas. Ce fut en effet un homme des plus brillant et frère en Jésus-Christ. Il sut concilier les efforts physiques par d'immenses chevauchées de par l'Europe entière, les nécessités intellectuelles par une culture autodidacte d'un niveau bac plus deux ou trois d'aujourd'hui, et les réalités spirituelles en étant sans cesse mû par une foi à renverser les montagnes. Il vivait pourtant dans un milieu dans lequel la culture intellectuelle n'avait que bien peu de considération, mais cela n'en apporte que plus de Gloire à Dieu, dans l'utilisation qu'il fit de lui. Des parties de sa vie restent évidemment dans l'ombre, et peuvent laisser imaginer qu'il ne fut certes pas parfait, mais nous pouvons presque heureusement, car nous pourrions sinon avoir tous honte du peu que nous faisons, surtout ramené aux connaissances et moyens de notre époque.

Si nous regardons à tous les échanges qu'il put avoir de par l'Europe, et toutes les institutions qu'il créa ou tenta de créer politiquement, lui le fédérateur avant l'heure de l'Europe, et cela sans téléphone portable ni avion personnel, nous devons avouer que sa foi était de nature divine. Attention cependant de n'en donner qu'à Dieu toute la Gloire, qui donne selon sa volonté à celui qui veut le suivre. Nous ne sommes pas à élever l'homme au niveau céleste de Dieu, mais à reconnaître malgré tout combien Dieu veut nous donner sa nature et à quel point il peut donner une énergie, une vigueur et une intelligence toute particulière tant au niveau intellectuel que spirituel, à celui qui veut faire sa volonté.

Combien en ont reçu peut-être tout autant durant les siècles, mais ne l'ont mis en pratique que dans le mauvais sens, alors que Charlemagnes n'employa sa foi  que dans le bon sens à vue humaine... C'est cela qui est d'autant plus surprenant !

Il fut en effet l'initiateur d'une renaissance intellectuelle tant pour les laïcs que pour les ecclésiastiques, le défenseur de la morale chrétienne, tout comme il le fut de la foi tant sur les champs de bataille que dans les débats théologiques, unificateur du peuple chrétien. Cette notion de peuple chrétien, Alcuin 1  la mettait en avant dans les mois qui précédèrent l'avènement à l'Empire. Deux ans plus tard, il usa de la locution « Iniperium christianum » pour qualifier un Empire qui ne pouvait se contenter d'être romain puisqu'il ne comprenait pas toutes les terres de l'ancien empire, alors qu'il en comprenait qui n'en étaient pas. Et le même Alcuin précisa bien sa pensée quand il appela Charles " recteur et empereur du peuple chrétien ".


1) En latin, Albinus Flacus, savant religieux anglo-saxon, né à York vers 735,décédé à Tours en 804, maître de l'école palatine fondée par Charlemagne, il joua un rôle capital dans la renaissance carolingienne.


Charles était à la fois à leurs yeux le successeur de Constantin et celui de David. David dont il portait le nom dans les jeux littéraires de l'Académie palatine mais dont tous savaient qu'il était le " roi prêtre " institué par Dieu pour conduire le peuple élu et que l'on tenait déjà, au temps des Mérovingiens, pour un modèle politique.

Déjà en 614, un concile de 614 comparait Clotaire II à un David au service du peuple de Dieu, et Pépin le Bref ne dédaignait pas que le pape lui-même le qualifiât de Nouveau David. Quand Paulin d'Aquilée qualifiait Charles de " roi et prêtre, et très sage gouverneur des chrétiens ", il justifiait l'amalgame du peuple franc et du peuple chrétien, comme celui de la fonction royale et de la fonction sacerdotale. Dans tout cela nous pouvons voir la recherche des références bibliques plus attachée prophétiquement à la personne de Jésus qu'à celle d'un roi humain. C’est pourquoi il y aurait beaucoup à dire sur cet amalgame entre la fonction de roi et celle de prêtre tel que nous pourrions le voir au sujet du roi Saül dans 1 Samuel 13, mais en dépit de leur erreur et leur idolâtrie, la sincérité de ces gens n’est sans doute pas à remettre en cause. C’est ainsi qu’au sacre de l’empereur il y eut attribution des prophéties de Jésus à la personne même de Charlemagne, et qu’il fut lu Esaïe (9 - 5/6) :

Cette carte montre les divers possibilités de partage: celui que prévoyait Charlemagne en 806 et celui arrêté par ses petits fils.

Le traité de Verdun en 843 avec le « couloir lorrain » de Lothaire sera le germe de toutes les guerres de l’ère classique et moderne.

L'Empire a été posé sur ses épaules

Et on lui donne pour nom

Conseiller admirable, Dieu fort,

Père éternel, Prince de la paix.

Pour étendre l'Empire

Et pour donner une paix sans fin

Au trône de David et à sa royauté,

Pour l'établir et l'affermir dans le droit et la justice

Dès maintenant et à toujours,

C'est là ce que fera le zèle de Yaweh des armées.

L’idéalisme de certains n’était peut-être pas des plus justes devant Dieu, mais d’autres étaient vraisemblablement des plus sincères, car c'était bien d'un empire chrétien que se souciait Charles à l'assemblée de mars 802, quand il jugea nécessaire d'envoyer les missi dominici 1 rappeler à tout l'empire les vérités de la foi, les exigences de la morale et les devoirs personnels et sociaux du chrétien. Et le familier de saint Augustin ne manqua pas de conjoindre le souci de la cité de Dieu et celui d'une cité terrestre en laquelle on commença de retrouver cette notion d'État que la Rome antique appelait Respublica.


1) Agents nommés par Charlemagne, qui allaient deux par deux, un du clergé et un laïc, pour assurer le contrôle et la surveillance des autorités locales.


Il fut certes un chef de guerre sans pitié comme nous pourrions le voir par ailleurs, mais avait-il dans le contexte de l'époque d'autres possibilités à mettre dans son carquois ? Comment aurait-il du parlementer avec ces plus ou moins barbares sanguinaires auxquels il fut confronté ? Aurait-il du commencer par leur " faire les gros yeux " avant d'agir ?

Dans le même sens de ne toujours pas jouer le rôle des accusateurs, nous dirons donc qu'il est plus aisé de critiquer depuis son chaud fauteuil douillet, que de prendre des initiatives rapides sur le terrain face à des envahisseurs barbares, sans peur et sans loi. Il nous faudrait d'ailleurs ajouter à ces envahisseurs extérieurs, les   soulèvements intérieurs manipulés par des envieux tyranniques, dont le seul but était de s'accaparer parfois toute une population à leur gloire et non plus celle de Dieu. S'il ne s'agissait pas encore d'instaurer une démocratie, quel gouvernement actuel ne choisirait pas la solution de moindre mal ?

Il nous suffit de regarder combien le monde entier de base chrétienne, et de nombreux peuples musulmans se sont élevés contre les actions terroristes de M. Ben Laden, pour nous rendre compte que si les Etats-Unis, avaient été gouvernés par Charlemagne, nous n'aurions très certainement trouvé que très peu de différences de conflits. Peut-être aux yeux de certain le fait de devoir trancher les têtes comme était contraint de le faire Charlemagne lui-même, peut apparaître comme étant plus barbare que de faire envoyer des bombes " propres " par des soldats. Elles atteignent certes quatre vingt dix neuf fois sur cent leur objectif, mais il employait le moyen dont il disposait pour défendre le même idéal de liberté et de moral que le nôtre. Regardons son œuvre en toute sérénité, comme l'œuvre d'un cœur tourné sincèrement vers Dieu, que Dieu utilisa grandement, même s'il n'était peut-être pas sanctifié absolument selon la perfection de Dieu ? Qui peut aujourd'hui prétendre être parfait, si ce n'est le sot qui ne regarderait qu'à lui-même ?

Sans doute a-t-il créé des institutions qui peuvent aujourd'hui nous paraître désuètes pour certaines, et pour d'autres tyranniques, mais l'ensemble de l'homme et son œuvre sont pourtant d'une telle diversité que cela démontre bien la main de Dieu sur lui.

En toute humilité et respect, nous pouvons donc faire les éloges de la foi d'un frère en Christ que Dieu utilisa au mieux pour sa Gloire, comme il pourrait le faire avec certains d'entre-nous si nous l'acceptions. Nous pouvons certes commettre des erreurs de jeunesse mais lorsque nous sommes sincères et vrais, Dieu bénit si nous nous repentons.

Avant cette repentance, il tente pourtant de prévenir, afin de bénir chacun personnellement et pour l'éternité, mais aussi pour amener son œuvre encore plus loin. C'est ainsi qu'il nous est permis de penser que si Charlemagne avait simplement reçu l'onction royale sans qu'il soit fait de lui un sujet de vénération, l'amorce de fédéralisme qu'il avait effectuée se serait peut-être concrétisée. A un ou deux siècles près ne commençons-nous pas en effet de voir apparaître cette structure dans la Confédération helvétique Suisse ?

Le fait d'avoir élevé un peu trop haut leur " nature " de roi, n'a fait qu'accentuer la dimension charnelle de l'homme déjà trop portée vers la puissance, le pouvoir, la domination et l'orgueil. Ce qui donc leur facilita le pouvoir un temps, allait se retourner contre eux, qui allaient se prendre pour certains des demi-dieux, voir... Comment en effet un enfant, de nature sincère mais charnelle, va-t-il contredire  ceux qui depuis sa plus tendre enfance le mettent sur un piédestal ? Comment celui-là pourra-t-il faire plus tard la différence entre son bonheur de vaincre, tant ses voisins qu'il trouvera toujours belliqueux, que sont " peuple " qu'il trouvera toujours trop insoumis à accomplir ses propres désirs ? Comment ne se prendra-t-il pas pour Dieu lorsque tous les égards lui sont dus, et que rien ne peut exister pour le remettre en cause ou presque ?

Il me semble que s'il en avait été ainsi pour moi-même qui savais ne pas être de naissance divine, je serais toujours à me croire supérieur à bien d'autre parce que Dieu m'aurait bénit au travers de ma position sociale. Peut-être suis-je d'un esprit trop faible ou au contraire trop prétentieux, mais pour ma part je ne vois rien qui puisse amener un enfant né dans la difficile condition de prétendant au trône, à la compassion de son prochain comme Jésus nous l'a enseigné !

Ce n'est pas non plus sur lui que nous ferons reposer la faute, mais sur notre nature. Les rois ne se forment pas seuls. Ils sont initialement des enfants comme les autres, même si le sort les a destinés à une position différente. L'avenir pour eux est toutefois jeté, l'homme a fait de ces rois des dieux ou des presque dieu ; tant que ceux-ci progressent, par l'assimilation de chacun à partager la " grandeur " de son roi, tout le monde s'y retrouve, même si en cela, Dieu devient plus le serviteur du roi, que le roi serviteur de Dieu.

Il eut fallu revêtir une telle dose d'humilité pour être un bon monarque selon Dieu, que l'on aurait pu voir Dieu œuvrer au travers de lui, plutôt que de voir un grand homme. Pour la France, comme pour tant d'autres pays, même s'il en fut ainsi pour certains rois,  il en fut souvent le contraire. L'idole dieu que les hommes avaient créée eux-mêmes, au détriment du seul Dieu qui pouvait les guider utilement, allait donc se retourner contre eux au fil des siècles.

A une ascension fulgurante, motivée par la foi d'un homme au cours d'une ou deux générations, allait succéder une lente descente aux enfers de la monarchie et par là même aux yeux des hommes : L'image de " Dieu ".

Regardons en effet à la majorité de ses successeurs, qui allaient non plus avoir à conquérir, mais à régner pour conserver " leurs " privilèges acquis au détriment de la grandeur de Dieu. Au travers de leurs comportements, quelle image de Dieu ceux qui régnaient allaient-ils donner à leurs observateurs, puisque chacun considérait que c'était de Dieu qu'ils tiraient leur " nature ".

Dieu souvent moins craint, parce qu'invisible aux yeux de ceux qui n'on pas la foi, alors que ces rois disposaient de soldats dissuasifs. Ces rois allaient en effet donner de Dieu l'image d'un tyran à beaucoup d'hommes, parfois même d'un tyran sanguinaire. Beaucoup d'entre-nous, plutôt que de juger les mauvais actes de ces rois couverts de l'onction qu'ils avaient reçue du Dieu Saint et trois fois Saint, allaient confondre et condamner Dieu lui-même à qui cette institution avait été faussement attribuée.

De quelle onction Dieu avait-il véritablement revêtu ces rois ? N'était-ce pas celle que chaque homme reçoit quand il se marie par exemple, et qu'il prend la décision de chérir son épouse, de subvenir à ses besoins, et de se comporter en bon père de famille, attentif aux besoins des siens ?

Si ce n'était pas cette onction là que ces rois et leurs sujets interprétèrent obtenir de Dieu, mais celle de " demi-dieux " auxquels tout était permis, il n'y a rien de surprenant qu'ils aient reçu selon leurs œuvres déjà sur cette terre. Regardez quel mari pourra se permettre de se comporter indéfiniment comme un tyran dans le couple ? Dieu finira par prendre soin de la femme, car aucune institution ne prévaut sur une seule âme devant Dieu.

Les hommes par leur interprétation des lois en ont souvent fait le contraire, car poursuivant par-là leurs propres buts et non plus celui de Dieu. Tout ce que ces rois gaspillaient alors par leurs extravagances face à la misère du peuple, c'était pour ce peuple, Dieu qui le leur retirait. Au fil des siècles, qui, allait en effet continuer de croire en ce Dieu d'amour ? Ce Dieu dont Jésus nous dit en (Jean 3-14/18) Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut, de même, que le Fils de l'homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle.

Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle.

Dieu, en effet, n'a pas envoyé son fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. Celui qui croit en lui n'est pas jugé ; mais celui qui ne crois pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du fils unique de Dieu. //

Comment pourra-t-on continuer de croire à ce Dieu d'amour prêt à se sacrifier lui-même afin que quiconque, c'est-à-dire moi, c'est-à- dire toi, c'est-à-dire vous, puissiez vivre en paix et en harmonie avec chacun, car vainqueurs du péché, lorsque l'on voit que son " homologue " sur terre adopte une attitude tellement opposée, soi-disant approuvée de Dieu ? Si l'on croit encore un tant soit peu en ce Dieu, quelle image aura-t-on au minimum de lui ?

Alors, par la " banale " erreur d'interprétation de quelques-uns pas plus blâmables que d'autres, sur le fait que Dieu avait non pas institué la royauté sur les hommes, mais avait accepté à son détriment que les hommes se choisissent des rois autres que lui et qu'il bénirait cependant, ceux qui ont mis la royauté en place comme venant de Dieu, ont discrédité Dieu. Le malheur n'est pas que ces hommes aient fait cette erreur, mais bien que ceux qui les suivirent la perpétrèrent et donnèrent ainsi raison plus à l'homme qu'à Dieu qu'ils représentaient.

Ceux-là se comportèrent à l'image des pharisiens au temps de Jésus, et afin de ne pas perdre leur place dans leur " synagogue ", devenue l'église ou la monarchie, ils préférèrent crucifier Dieu, Père, fils et peut-être pour certains Saint-Esprit.

Ils n'étaient certainement pas plus mauvais que d'autre en tant qu'hommes, mais à cause de ce qu'ils perpétrèrent, de grandes utopies humaines allaient naître. Nous y arrivons.

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