CHAPITRE 4
La débâcle de ma foi !
Ce n’est pas par hasard que j’ai intitulé ce chapitre « La débâcle de ma foi », mais par rapprochement entre ma propre vie et la période de la guerre de 1940, communément appelée « la débâcle », à cause de le sauve-
Durant cette période de « débâcle » personnelle, l’ennemi de nos âmes, celui que la Bible appelle également Satan ou le diable, allait tendre le filet dans lequel je serai pris plus tard. Il allait pour cela utiliser la mise en pratique personnelle de mon adolescence, et se servir des divers points d’ancrage de mon enfance comme amarres pour ce filet. Voyant la partie bien engagée pour lui, il commença alors de se réjouir des pièges qu’il avait fomentés, mais c’était sans compter sur l'immense Amour de Dieu, notre père, notre créateur. Dieu le Père, qui donna son fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle.
Comme il me tarde de vous parler de toutes ces bonnes choses que nous ne verrons que plus tard... Cet ennemi, qui avait réussit vingt cinq ans plus tôt à repousser maman de la présence de Dieu par la blessure portée par un homme, allait utiliser le même stratagème pour moi. Je venais de faire ce renouvellement de communion solennelle et je ne doute pas maintenant que la cérémonie ait été très belle. Je peux cependant vous dire sans aucun regret, que je n’en garde aucun souvenir. Je pourrais presque croire que cette seconde prise de position publique n’exista jamais.
Je peux vous affirmer que j’avais pourtant agi dans une profonde sincérité la première fois, mais peut-
A mesure que j’écris ces lignes, la mémoire me revient de cette période un peu oubliée, car je fis effectivement ce renouvellement de communion en mai 1959 et restai alors plusieurs mois sans retourner à l’église. J’avais à cette époque un ami d’école qui s’appelait Christian. Il n’avait pas eu de chance, car de naissance il avait un tel strabisme, qu’il n’y voyait que très peu. Il était d’un an mon aîné et bien qu’il fût très gentil, je ne l’épargnais pas pour autant de mes boutades de mauvais goût, comme beaucoup de mes petits camarades. Il était certes un peu naïf, mais si je me moquais, j’étais bien à l’image de l’hôpital qui se moque de l’infirmerie, n’ayant rien à lui envier en ce qui concerne la naïveté. Un jour du printemps soixante, pris l’un et l’autre d’un élan de cœur vers Dieu, nous abordâmes ensemble ce joli sujet de la foi. Nostalgie du passé aidant, pour les « adultes » que nous nous croyons devenus, nous nous retrouvâmes tout naturellement devant l'église, la « maison de Dieu », de laquelle nous trouvâmes porte close. Il me semble que nous frappâmes plusieurs fois, sachant qu’elle était toujours ouverte, et restâmes là un bon moment à converser des œuvres de Dieu, espérant dans le miracle qu’elle s’ouvrît.
Nous nous apprêtions de redescendre le grand escalier de pierre, déçus de notre malchance, quand nous vîmes venir à nous ce petit curé au nez pincé dont je vous parlais au chapitre précédent. Je ne sais pas s’il avait l’air moins rébarbatif que les autres jours, mais sur l’instant nous ne vîmes que Dieu en lui. Nous étions aux anges de le voir monter les premières marches dans notre direction. C’était un peu comme si le Seigneur, se dirigeait alors lui-
C’était évidemment confondre entre le maître et son serviteur, entre celui qui est et celui qui tend à devenir. Je ne me rappelle certes pas des termes exacts qu’il employa pour s’adresser à nous, mais j’ai néanmoins le souvenir de la douche que je pris alors. Accompagné d’un regard de dédain, il nous persifla quelques mots glacés du style : « Que faites-
1) Pour la religion catholique, faire ses pâques est au minimum se confesser devant le prêtre et communier le jour de Pâques. (Pour les Juifs : C’est respecter tous les rituels de Pessah)
Le charme s’était soudainement rompu pour nous, et s’était transformé en douche écossaise. La blessure avait été rapide mais profonde, elle allait mettre vingt huit ans à se refermer.
Était-
Loin de moi en effet, l’idée de le tenir pour responsable de toutes mes erreurs. Sans nul doute avait-
J’en veux pour preuve que cette « paire de gifles », représenta beaucoup moins pour moi, que les quelques jours que nous passâmes en famille sur la côte sauvage près de Quiberon cette année là. Nous n’habitions certes pas un palace, mais avec une tente d’emprunt, nous fîmes du camping sauvage et en dehors des frais de voyage, les dépenses restèrent presque inexistantes. Ce fut cependant pour nous tous d’inoubliables moments d’évasion et une intarissable source de souvenirs. Mes parents avaient d’autant plus besoin de s’évader des soucis quotidiens, que la santé n’était pas des plus florissantes. A toutes les dépenses de mes fausses maladies, chacun de nous recevait des soins dentaires fort onéreux, et des états de déprime tant pour papa que pour Colette étaient venus s'y joindre. A cette époque, les artisans et commerçants ne bénéficiant pas de la sécurité sociale, il est donc inutile de vous détailler les problèmes que cela leur occasionnait.
En 1958, deux ans avant l’époque dont nous parlons, mes parents se rendant compte qu’ils maîtrisaient de moins en moins bien la situation, avaient déjà été sur le point de cesser toute activité commerciale. Ils avaient alors pris rendez-
Nous pouvions voir presque journellement le fruit de cette première erreur, tant cela les avaient placés sous le joug de mes grands-
Depuis leur arrivée dans ce village, mes parents avaient souvent été réquisitionnés par elle pour la conduire faire des pèlerinages ou la conduire voir des « gens ». Des gens qui avaient des pouvoir de ceci, pouvoir de cela. Plus elle progressait dans ces voies, plus la vie devenait insupportable autour d’elle. Elle en voulait à tous ses voisins, elle accusait tous ses frères et sœurs de sorcellerie ou autres choses semblables, même mon grand-
Vers cette période des années cinquante huit, soixante, elle prit en pension deux enfants placés par leur maman à l’assistance publique. La petite avait deux à trois ans et le garçon quatre à cinq environ. Nous avions tous pu constater depuis des années, la différence qu’elle avait toujours faite entre garçons et filles. Etait-
Mon but n’est pas de l’accuser au travers de ces quelques lignes. Elles ne font que souligner la tristesse de la condition humaine quand elle n’est vécue qu’au travers d’un semblant de piété attachée à une mauvaise spiritualité. Celle-
Je dois reconnaître qu’à cette époque je ne pensais pas vraiment ainsi et je n’étais pas le seul. Nous en parlions souvent en famille en des termes peu élogieux, car nous ne comprenions pas alors ce que nous pouvons en tirer aujourd’hui, avec le recul que nous avons. Le temps n’était pas éloigné en effet où Jean-
Les impayés continuaient de se multiplier dans leurs ressources, et leur endettement croissait malheureusement dans les mêmes proportions auprès de leurs fournisseurs. Il devenait donc vital de cesser l’activité artisanale ou de se développer dans un créneau plus porteur et surtout plus fiable. Ils crurent l’avoir trouver par l’électrification de salles des fêtes, dont l’adjudication et la maîtrise d’œuvre était confiée à des architectes. L’avance de fonds était en rapport de l’importance des chantiers, mais c’était un peu tenter le tout pour le tout, le dé de la dernière chance. Les promesses étaient de plus très alléchantes selon l’échéancier, alors coûte que coûte les plannings furent tenus. Souvent nous réunîmes tous nos efforts derrière notre pauvre papa, mais l’échéancier de règlement ne suivit jamais.
Une telle adversité avait certes une origine spirituelle liée à sa propre personne, mais je ne l’aborderai pas dans cet ouvrage, cette part du passé ne m’appartenant pas. Il leur fallut alors très souvent courir à la recherche de quelques francs qui permettraient de régler la fatale facture, courir à la recherche du fournisseur complaisant qui accorderait le délai supplémentaire, mais comme par ailleurs papa sombrait inexorablement dans le découragement, ce n’était que partie remise. On commença alors de le voir dans un désarroi le plus total, jusqu’à ne plus pouvoir partir travailler. Tous les matins, souvent pendant des heures, il allait de la voiture à la cuisine, se servait quelques centilitres de vin, parfois même ne le buvait pas, retournait vérifier si tel outil ne manquait pas, revenait, repartait... Il n’avait plus aucun pouvoir décisionnel, plus aucune énergie.
Je ne vous cacherai pas, qu’à ces moments il ne but pas parfois un peu trop, car sixième de verre par sixième de verre, il lui arrivait assez souvent, de boire plus qu’il n’aurait fallu. Le problème n’était pas là, mais devant l’incompréhension d’une telle adversité il ne pouvait plus surmonter son angoisse.
Je ne sais pas si ce fut tout ce contexte qui interpella particulièrement mes parents ou si ce sont les propos dont nous entendions parfois le récit, les deux peut-
Je ne veux pas dire en cela que le couple qui était venu nous rendre visite n’était pas sincère, mais je sais maintenant que les petits sachets de sel que ces gens nous firent porter pour nous « protéger des mauvais sorts », ne pouvaient quant à eux, rien faire de plus que saler le potage. Ils repartirent de la maison, disant que l’on découvrirait assez vite que des proches agissaient par des pratiques occultes sur la famille. Cela allait être effectivement le cas quelques temps après, dans des circonstances bien douloureuses, mais conservons néanmoins notre chronologie.
Depuis le début de ce chapitre, nous n'avons guère avancé dans le temps et sommes restés dans les années cinquante neuf, soixante, année de mon certificat d’études. Mes fautes d’orthographe ne me handicapèrent pas trop sans doute, puisque je l’eus. Comme ils l'avaient fait pour mon frère et ma sœur, malgré leur situation qui était au bord du gouffre, mes parents m'offrirent un beau vélo tout neuf. C’en était fini du vieux vélo repeint sur lequel j'avais installé au moyen d'un gros interrupteur rotatif, un système phare code, afin de ne pas éblouir les automobilistes. Je disposais depuis lors de huit vitesses, alors quand j'allais faire de petites courses pour mes parents à Nogent-
Il fut vite étrenné ce beau vélo, car dès le début des vacances, avec Serge, un ami d'enfance, nous partîmes à vélo et Jean Claude à mobylette, faire huit à dix jours de camping sur les côtes normandes. Notre équipement était un peu sommaire et il nous arriva de devoir manger des pommes de terre presque crues, mais nous en gardons tous trois un souvenir formidable.
Comme toujours, mes vacances furent bien remplies cette année là, car au-
J’avais fabriqué ceux-
Je ne saurais plus vous dire pour quelles raisons exactement, ma sœur était venue faire sa toilette dans la pièce voisine à celle de mon lieu de travail, mais je sais qu’elle y était venue. Ces pièces n’étaient séparées que par une vielle porte avec quelques fentes et j’avais eu beau résister à la tentation qui s’offrait à moi, elle était vite devenue trop grande, insoutenable. J’en connaissais tout le non sens et l’interdit, mais ne pouvais résister à cette tentation.
Dans la même attitude de cœur que lorsque je m’étais abaissé à copier sur mon petit camarade de classe, je m’abaissai alors dans un profond dégoût de moi-
Ce fut vers cette époque je pense, après l’évanouissement de mes rêves d’évasion en mer et la construction de mes voiliers, que naquit progressivement en moi ce désir latent depuis le petit vélo dans la vitrine, de faire des courses cycliste. Je rêvais devant mes idoles du tour de France et les très longues et glorieuses étapes qu’ils accomplissaient m’émerveillaient. Je m’identifiais à eux dans leurs exploits personnels, et une opportunité de faire de même allait bientôt mûrir en moi. Colette avait longtemps travaillé à la poste en face chez nous, et avait fini par prendre son envol. Au printemps 1961, alors qu’elle faisait un déplacement à Orléans, la pensée me vint de lui rendre visite. L’idée de ma première expédition solitaire à vélo était née.
Nous habitions à quatre-
Je n’avais pas oublié la bouée de secours, car une halte était prévue chez mes grands-
Beaucoup de circonstances allaient alors se précipiter durant cette débâcle, et je ne vous en garantis pas nécessairement le bon ordre, mais peu importe. Il y eut tout d'abord, la congestion cérébrale de mon grand-
Au lendemain de l’enterrement de mon grand-
Bien de l’eau était passée sous les ponts depuis le petit vélo dans la vitrine, mais la passion était restée la même.
Quelques jours après mon premier cyclo-
Pendant tout son temps d’armée, malgré toutes les angoisses qu’elle éprouvait à rester isolée, Colette continua les remplacements de receveurs aux PTT. Elle était toujours plus ou moins déprimée à cause de divers circonstances familiales et du choc moral qu’elle avait subit quelques années plus tôt, par la perte d’une camarade de classe victime d’un accident de la route. Cette première catastrophe l’avait profondément marquée, mais une autre, bien plus terrible encore, allait comme la détruire et nous atteindre tous profondément.
Une amie d’école, Thérèse, était entrée tout comme Collette, dans le même emploi de receveur intérimaire aux PTT. Cela n’avait fait que consolider entre elles deux une amitié déjà existante, mais n’allait être que plus destructeur à cause des événements. Un soir, un de leur collègue, agent du même service qu’elles deux, était venu retrouver Thérèse à son restaurant habituel. En fin de soirée, ils s’étaient séparés devant le bureau de poste où elle travaillait, mais dans la minute qui suivait, il était revenu sur ses pas vers elle. Innocemment elle avait ouvert à nouveau...
Qu’y avait-
Un tel malheur bouleversa bien des postiers de la région et notre famille en particulier, mais Colette, mis de très longues années à s’en remettre complètement.
Bien que fortement secoué comme chacun, ma vie ne s’arrêta pas là pour autant avec son implacable éternel quotidien. Mon travail était passé à trois heures par jour de bureau, mes cours par correspondance, mon entraînement cycliste, l’entretien de mon vélo, les courses, je n’avais pas le temps de penser à autre chose.
Mais si bien sûr ! J'allais oublier : Les jeunes filles ! Ce fut cette année là que je cessai, en désespoir de cause, de regarder l’une de mes voisines comme ma future épouse. Une grande, pensez donc, elle avait un an de plus que moi, je ne l’intéressais pas. Elle avait été la première car j’en étais amoureux depuis mes dix ans, mais des premières il allait y en avoir beaucoup d’autres. Comme pour la débâcle de ma foi, cela allait durer vingt quatre ou vingt cinq ans et m’entraîner dans bien des déboires. Mais n'allons pas trop vite !
A peine quelques mois après le décès de mon premier grand-
Les mois passèrent, et de même que tombent les feuilles sous les bourrasques d’automne, les illusions de maman à propos de ses parents allaient d’un coup s’envoler. Souvenez-
L’été s’en était allé et mon grand-
Ce fut pour maman, la plus grande paire de gifles qu’elle ne reçut jamais de la part de ses parents. Une montagne lui serait tombée sur la tête, qu’elle n’aurait pas été plus assommée.
Aux dires de ma grand-
A l'hiver soixante deux, soixante trois, quelques semaines donc après les faits que je viens de vous rapporter, j’étais pour ma part toujours pris dans l’engrenage, cours par correspondance, travail aux PTT, maintenant quatre heures par jour, l’entraînement, les courses, car il y avait les cyclo-
Merci Seigneur d’avoir veillé sur moi, alors que déjà, je te rejetais, car si j’avais été opéré ce jour là, je ne serais normalement pas ici, à écrire.
Pour la suite de ma vie, cela ne devait normalement pas poser de problèmes, du moins pas pour avoir des enfants, et ce fut le cas. Mais pour ce qui est du reste de ma vie... Oh la la !!! Tout se passa dans ma tête.
Pour moi qui masquais entièrement ma timidité derrière ma fanfaronnade, ce fut un très lourd handicap que Dieu permit. Un complexe qui me suivit très longtemps, même si personne ne s'en rendit jamais réellement compte.
Permettez-
Dans les mois qui suivirent, tout comme Colette avait reçu un très fort choc moral par le décès de Thérèse, Jean Claude allait en subir un de taille. Il avait eu son permis de conduire et souvent il allait au Beau-
Il fut ensevelit dans le cimetière de son petit village et encore une fois, en marge de toutes ces tribulations, la vie continua.
Je ne sais pas s’il s’agit d’un tout ou simplement le fait d’avoir arrêté momentanément le vélo à cause de ma fâcheuse maladie, mais cette période marque également le début de mes sorties du samedi soir. Ce fut alors que je connus mes premiers états d’ivresse et les bals qui ne se terminaient qu’au petit jour. Au cours d’une de ces sorties, par comble de malchance, Jean Claude qui conduisait certes assez vite, mais possédait une très bonne adresse au volant, eut un accident sur la dernière plaque de verglas, le dernier dimanche, de la dernière semaine, du dernier mois, du long hiver soixante deux soixante trois. Après avoir réparé quelques mois plus tôt la fragile boite de vitesse de Panhard, à chaque moment de loisir, nous nous affairâmes tous deux sur la carrosserie. Mes espoirs de réussite au BEPC, s’étaient presque totalement envolés avec les oreillons et je ne faisais plus mes cours qu’en pointillé. J’avais commencé de reprendre difficilement le vélo, quant-
Lassés de voir l’huissier de justice, mes parents allaient eux aussi tourner la page cette même année. A quelques mois d’intervalle ils retrouvèrent l’un et l’autre un emploi salarié dans une grande entreprise nogentaise. Jean Claude quant-
A l’approche de mes dix-
Une chose enfin pour laquelle j’étais arrivé à être à la hauteur de mon « grand » frère et ma « grande » sœur, qui l’avaient eu, eux-
L’une d’entre elles se détachait néanmoins très fortement dans mon cœur, Caroline. Elle était parisienne et je n’allais pas souvent la voir. Au week-
Il me fallu une seconde expérience presque similaire, pour comprendre et rejeter la jalousie et la suspicion, ne me trouvant pas digne de telles bassesses.
Afin de vous apporter le dénouement de cette histoire, j’ai quelque peu anticipé sa chronologie finale. Vers l’époque des années soixante quatre, soixante cinq, je continuais donc de faire des courses cyclistes, mais j’étais de moins en moins assidu aux entraînements. Là encore, je me souvenais des critiques acerbes que j’avais émises quelques années par avant, lorsque je débutais dans le cyclisme et qu'un « Crack » à mes yeux, gaspillait son énergie à faire la fête plus que de raison, la veille même des courses. Dans ce domaine également je mis donc une pierre dans mon panier, comprenant que nous devenons souvent pires que ceux que nous jugeons.
Avant de partir à l’armée, comme me l’avait préconisé la brave receveuse des PTT qui nous avait conduits l’un et l’autre dans cette voie, je passai un concours pour me titulariser afin de bénéficier de la sécurité de l’emploi à mon retour. Je ne choisis certes pas le plus difficile, bien au contraire. Comme mon frère l’avait fait avant moi, je passai un concours de facteur. C’est ainsi que quelques mois avant mon incorporation, je pris pour déguisement un bel habit bleu marine, pour aller de porte en porte déposer le courrier dans les boîtes à lettres.
Le travail ne me déplaisait pas en lui-
La vulgarité et l’obscénité étaient telles, qu’elles étaient comme un abaissement, un avilissement volontaire de chacun. Je crois pourtant qu’individuellement, chacun était intrinsèquement différent, car je garde un bon souvenir de ceux que je connus mieux. Ils étaient pour la majorité, prévenants, affables, courtois, mais l’effet de groupe était vraiment plus que néfaste, et je crois qu’aucun n’échappait réellement à ce climat obscène.
Le quatre novembre 1965, le jour de l'anniversaire de maman, j’étais appelé sous les drapeaux et incorporé en banlieue parisienne, à Montlhéry.
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